De la part du parent d’un enfant sur le spectre autistique :
Samedi matin. Tout est calme à la succursale. Quelques familles se rassemblent dans la zone pour enfants – pas autant que pour une activité de contes habituelle, et c’est voulu.
Ce sont les contes sensoriels, un programme mensuel tenu dans jusqu'à 7 succursales de la Bibliothèque publique d’Ottawa. Ce programme s’adresse aux enfants qui sont autistes, ont un délai développemental ou présentent des troubles du traitement sensoriel. J’avais déjà lu quelque chose à ce sujet, mais aujourd’hui j’ai décidé de rester pour observer la séance.
Ici, il est parfaitement normal que les petites voix s’élèvent et que les corps bougent. Les personnes soignantes peuvent respirer tranquillement, sachant qu'il n'est pas nécessaire de se taire ou de s'excuser. Des boîtes et des tables sont remplis de jouets sensoriels – balles souples, foulards texturés et outils-jouets de type « fidget ». Une petite fille, les yeux fascinés, presse un jouet qui s’allume. Près d’elle, un garçon esquisse un sourire en faisant rouler son jouet sur un tapis mou.
Personne n’est pressé. Les familles prennent leur place à leur rythme. Certains enfants restent près de la personne qui les accompagne. D’autres s’aventurent un peu plus loin. La bibliothécaire est calme, présente et souriante. Elle va à leur rythme, accueille chacun individuellement.
Vers le milieu de l’heure prévue, le groupe se rassemble graduellement et forme un cercle, car c’est la période des contes et des chansons. La bibliothécaire parle d’une voix douce et présente un grand livre illustré. Certains enfants suivent attentivement; d’autres écoutent depuis l’aire de jeux. Aucun enfant n’est sommé de rester assis tranquille ou « d’écouter attentivement ». Et pourtant, ils prêtent attention. Un garçon suit la musique en se balançant de droite à gauche. Un parent chante doucement avec la bibliothécaire. Une marionnette entre en scène, et quelques rires s’envolent doucement.
La séance se termine. Des familles s’attardent. Certains bavardent; d’autres rassemblent tranquillement leurs affaires. Personne n’est pressé de partir. Cet espace n’existe pas seulement pour les contes; c’est évident. C’est une question de nouer contact. Comme je partais, un autre parent a souri et m’a dit : « On se voit le mois prochain? » Je lui ai rendu son sourire. Oui. Oui, on se reverra.